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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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12 septembre 2012 3 12 /09 /septembre /2012 14:51

La réforme du Premier Cycle : le DEUG

 

 

L'arrêté réformant le premier cycle est publié le 27 février au Journal Officiel. On n'en fera pas ici l'analyse détaillée. Pour l'essentiel, en ce qui concerne les lettres et les sciences humaines, le DEUG reproduit, avec cependant des modifications qui ne sont pas tout à fait négligeables, le système du D.U.E.L., mis en place en France à partir de la rentrée 1966, mais non appliqué à Vincennes ; (On a, semble-t-il, demandé l'autorisation de délivrer le D.U.E.L. mais on ne l'a pas obtenu).

 

 

Dès la publication de ces arrêtés, la contestation commence ; elle va culminer vers le 22 mars 1973, à la veille des congés de Printemps. A la rentrée, soit deux semaines plus tard, la lutte sera pratiquement terminée. Les Universités enverront les maquettes pour les demandes d'habilitation au Ministère de l'Education Nationale. A partir de la rentrée d'automne 73, le DEUG sera appliqué partout, sauf à Vincennes, dernier « îlot de résistance ».

 

 

Le DEUG pouvait être mis en place partout sans difficulté parce qu'il n'impliquait aucun changement radical ni d'ailleurs aucune innovation, mis à part le DEUG d'administration économique et sociale, et d'une part, et d'autre part le DEUG de Mathématiques et sciences sociales.

 

 

Pour les UER de lettres et sciences humaines, il n'y avait donc pas de difficultés d'adaptation, pas de difficultés dues à la nécessité de nouveaux crédits : pour un département ou une section de sociologie par exemple, le seul changement dans les programmes concernait le dosage des matières et l'adjonction, relativement peu importante, de matières voisines : l'histoire contemporaine, par exemple. La nouvelle formule impliquait bien un peu plus d'interdisciplinarité : on pouvait s'en accommoder avec les moyens du bord.

 

 

La preuve : lorsque le département de sociologie de Vincennes sera habilité, un an plus tard, à délivrer le DEUG, il sera facile à ce département d'assurer la quasi-totalité des enseignements requis sans même faire appel aux départements voisins d'Histoire, d'Economie Politique et de Psychologie.

 

 

Mais Vincennes commence par résister, plus exactement prolonge d'un an la résistance qui est tombée partout ailleurs.

 

 

Cette résistance, il faut y insister encore, est facilitée par le fait qu'on peut obtenir à Vincennes, par dérogation, des licences à réglementation nationale, et d'autres licences qui n'impliquent pas cette réglementation, sans passer par le DEUG. Ailleurs, au contraire, il faut être titulaire du DEUG pour obtenir ensuite le titre de licencié.

 

 

La rentrée de 1973 se fait donc à Vincennes sans mise en place du DEUG. Et puis, lentement, progressivement, une évolution se dessine. Pourquoi ? Il est difficile de le dire très précisément; mais tout porte à croire que les enseignants commencent à craindre que dans quelques années il faudra à Vincennes, comme partout ailleurs, lorsque la réforme sera appliquée à l'ensemble des 3 cycles d'études universitaire passer par le DEUG pour obtenir la licence.

 

 

G. Lapassade a participé à ce moment-là, avec F. Châtelet, M. Debeauvais et C. Frioux à un débat radiophonique en direct où ils rencontraient des hauts fonctionnaires du Ministère de l'Education Nationale : MM. M. Le Bris et J.C. Salomon.

 

 

Au cours du débat, ils demandèrent à M. Le Bris ce qu'il comptait faire sur cette question du DEUG par rapport à Vincennes. L'interlocuteur des Vincennois a d'abord suggéré que Vincennes n'avait pas besoin de DEUG et qu'il était par conséquent inutile de demander des habilitations. Cette position pouvait se concevoir si le privilège de la licence en 30 U.V. sans passage obligé par un diplôme national de premier cycle était définitivement accordé à Vincennes. En ce cas, en effet, le seul intérêt des DEUG était de permettre aux étudiants qui le désiraient de quitter notre université après deux ans d'études et de s'inscrire dans une autre Université.

 

 

Dans le même temps, cependant, l'évolution vers le DEUG se renforçait à Vincennes. Au cours de nombreux débats qui ont eu lieu à ce moment-là, on peut particulièrement retenir celui-ci qui parait pertinent : en obtenant le DEUG, Vincennes sortait de sa marginalité, devenait dans sa structure, une université comme les autres et pouvait ainsi participer réellement à l'ensemble des luttes universitaires. Cet argument a fait son chemin, même s'il est emprunt de sous-entendus centralistes qui à long terme renforcent l'étatique (au sens où l'emploie H. Lefebvre). Jointe à d'autres arguments et à d'autres préoccupations, cette idée a fini par aboutir à un renversement de la situation.

 

 

Dans une étape intermédiaire, on a envisagé de faire habiliter un nouveau statut dérogatoire portant cette fois sur le 1er cycle : on définirait un diplôme de Premier cycle à structure unitaire, mais avec autant de mentions qu'il existait de disciplines enseignées à Vincennes. Ceci permettait, entre autres de sauvegarder le consensus, de ne pas capituler sans conditions comme avaient fait les autres universités et d'obtenir cependant tous les avantages du DEUG sans en avoir le titre. Une lettre de Jean-Pierre Soisson, devenu entre temps Secrétaire d'Etat aux Universités, à Claude Frioux semblait encourager Vincennes à s'engager dans cette voie. Et puis, une autre lettre, signée Cl. Dichamp, remettait la première en question : il y avait malentendu, il fallait passer d'abord par l'habilitation à délivrer le DEUG avant d'obtenir des équivalences. Cette lettre précisait en outre, et ceci était beaucoup plus grave, qu'après examen des demandes d'habilitation, il fallait distinguer trois groupes de disciplines à Vincennes :

 

 

a) d'abord les disciplines qui ont été habilitées à délivrer le DEUG, puis son équivalent : la littérature française, les langues, la psychologue, la sociologie, l'histoire, la géographie, la musique, les arts plastiques.

 

 

b)   ensuite, les disciplines pour lesquelles un DEUG était prévu, mais dont les demandes d'habilitation pour Vincennes étaient refusées : philosophie, droit, économie, mathématiques,

 

 

c) enfin des disciplines qui ne pouvaient pas obtenir un DEUG parce que le DEUG n'existait pas. Notamment : Urbanisme (qui s'était vu refuser également l'habilitation à délivrer une « maîtrise de sciences et techniques »), informatique, théâtre, cinéma, sciences de l'éducation, sciences politiques...

 

 

Georges Lapassade

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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