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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 10:35

  

 

Comment produire notre livre sur le journal d’intervention ?

Entretien avec Remi Hess (9)

 

Interventions et formation 

Mon envie de travailler avec toi vient du fait que la moitié de la formation du nouveau Master est sur l’intervention, et que notre équipe a oublié de penser des outils sur cette question... Les étudiants de 1987 voulaient une école d’intervention. Aujourd’hui, nous l’avons ! Mais, on n’en a pas conscience ! Maintenant, que l’on a ce master « Education, formation et intervention sociale », où le journal d’investigation est reconnu comme l’outil central de la formation en M1, le journal de recherche étant proposé en M2, il faut produire les outils…

 

Ce qui caractérisait la socianalyse, c’était la commande. La réussite de ma vie fut de me voir adressé très tôt des commandes d’intervention. Se former, c’est répondre à des situations concrètes, c’est s’engager dans une intervention, répondre à des demandes. C’est stimulant pour créer ! Quel travail que de répondre à Renato Curcio ! S’il savait ! C’est la commande sociale qui te constitue comme sociologue, anthropologue, intervenant, bref comme spécialiste, quelqu’un qu’on reconnaît comme compétent. R. Lourau disait que c’est la place qui donne la compétence. Comme étudiant, tu crois, parfois, que c’est parce que tu es compétent, que tu vas trouver du travail ; lui, René Lourau, disait que c’est parce que tu as trouvé du travail, que tu vas devenir compétent. La commande est structurante. Plus tu te vois adressé des commandes sociales, plus tu deviens sujet. Ma génération s’est formée en faisant des interventions.

 

Dans ce travail d’écriture, serait aussi utile une nouvelle visite des concepts de l’AI : demande, commande, implication… sans trop souligner que c’est de l’analyse institutionnelle, mais plutôt en insistant sur une dialectique entre intervention et formation ; intervenir par la formation et se former par l’intervention. Cette posture permettrait de dépasser une contradiction qui a pu traverser notre courant, une dialectique que G. Lapassade avait lancé : socianalyse ou intervention interne. Moi, je fais de l’analyse interne, car je tiens mon journal ; j’essaie de comprendre les problèmes auxquels je suis confronté au jour le jour. Je fais une auto-analyse de mon vécu institutionnel, que j’élabore sur le plan théorique. Dans le journal, je transforme le vécu en conçu. Cette pratique d’intellectualisation du quotidien me permet de me former à l’analyse, à la compréhension de la complexité de la vie des groupes et des organisations. Du coup, les membres de ma communauté de référence ou des personnes de l’extérieur peuvent se dire que la position que j’occupe par rapport à moi-même me rend susceptible de les aider à démêler leurs problèmes. L’expérience élaborée te pose comme un sujet supposé savoir. Il y a une dimension imaginaire dans ce que l’on projette sur l’autre, même s’il y a du réel derrière tout cela ; mais, à un moment, tu dois constater que tu deviens crédible pour aider les autres à s’analyser, à se construire.

 

Comment s’institue-t-on ? En tant que personne ? En tant que groupe ? Peut-être que, sans vraiment encore nous en rendre compte, ce que nous mettons en place ensemble aujourd’hui, c’est une nouvelle école de socianalyse, une socianalyse renouvelée et légitimée par la théorie du journal ?

 

 

Entretien avec Remi Hess réalisé par Anne-Claire Cormery

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

 

 

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