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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 13:26

 

CHRONIQUE POLITIQUEMENT INCORRECTE No 12



TAISEZ-VOUS LAURENT, MAX… ET LES AUTRES !

 



« En me lançant dans cette enquête, je n’imaginais pas les réactions d’hostilité qu’elle allait déclencher dans la communauté des chercheurs. Je trahissais un secret, dont tout le monde connaissait l’existence, mais qui, pensait-on, avait été gardé pour de bonnes raisons. Il n’était pas nécessaire disait-on, de faire ressurgir les souvenirs d’une période si douloureuse et encore si proche de notre histoire ». Ceci aurait pu être signé de Max Lafont racontant les difficultés à faire accepter sa thèse sur « l’extermination douce » des fous sous Vichy en 1981. Thèse qui finalement sera publiée en 1987. Non, cet extrait n’est pas de Max mais de Laurent Olivier, l’auteur de « Nos ancêtres les Germains, les archéologues au service du nazisme ».

http://www.tallandier.com/ouvrages.php?idO=657

 

Cela aurait pu pourtant être de Max Lafont. En effet, il raconte : « à la fin de l’enquête, en 1981 – juste avant la soutenance – le président de l’Université a voulu refuser de signer les conclusions. Il se souvenait sans doute qu’il était directeur de l’U.E.R. Alexis-Carrel et mes propos devaient donc apparaître comme subversifs. […] La soutenance eut lieu et le jury m’accorda la mention très honorable et ses félicitations » (« L’extermination douce », deuxième édition, Le bord de l’eau, 2000).
www.editionsbdl.com/extermination.html

 

 

On peut rappeler ici que la faculté de Médecine de Lyon « Alexis-Carrel » fut débaptisée le 25 janvier 1996. Patrick Lemoine, autre psychiatre lyonnais, eut lui, à subir les foudres de son institution : l’hôpital du Vinatier d’où il fut démis de ses fonctions pour avoir publié un autre livre sur le même sujet : « Droit d’asile », éd. Odile Jacob.

http://www.odilejacob.fr/catalogue/documents/temoignages-actualite-enquetes/droit-dasiles_9782738105325.php

 

Déjà, et bien avant, Lucien Bonnafé racontait : « Dans le vent de la Libération, nous avons pu faire quelque bruit sur cette affaire – il s’agissait de l’abandon à la mort des fous sous Vichy. Mais il n’est pas trop schématique de situer sur 1947 le moment où ces incongruités deviendront trop indécentes dans les opinions dominantes. C’est l’ère des grandes intolérances. Il faut des hommes comme Paul Balvet, Henri Ey, Hubert Mignot, pour résister fermement à la tendance conformiste envahissante, celle qui pousse à la chasse aux sorcières, à faire mal voir ceux qui remuent la boue. C’est là que s’enfle le règne du faux-témoignage par omission.

 


Ainsi le système Psy., conformément aux traditions qui le faisaient gérant loyal de la ségrégation, gère loyalement l’effacement de la honte de « l’extermination douce » par l’ensemble du système d’information/désinformation dominant. Ainsi, on pourra communément devenir psychiatre, reconnu comme tel par soi-même, par l’école et par l’usage, sans jamais avoir entendu parler de ce « détail », et sans avoir appris à en tirer les leçons. […]

 



Vient : « L’EXTERMINATION DOUCE ».

 

Notre « coup d’éclat », réussissant, à travers des péripéties tragico-burlesques, à démanteler le mur du silence entassé devant le « détail » du crime impuni, engendre des effets mal intelligibles si on ne les place dans la filière où je suis mon parcours. A un travail fondé sur le constat du mur du silence, ça répond, massivement, à côté. […] Il y a une poussière de considérations tendant à minimiser le drame, à épiloguer sur l’imprudence qu’il y a à l’évoquer. Il y a un fouillis de manifestations de gêne devant ce remue-ménage qui risque de violer le silence de rigueur dans les bonnes familles sur les tâches altérant la pureté de leur image. Et ce dont il faut bien parler ici et aujourd’hui, c’est que, à l’abri des tumultes, la conspiration du silence demeure : Ce silence était le sujet traité, c’est celui auquel il n’est pas convenable de s’intéresser » («NERVURE, journal de psychiatrie », mars 1991).

 



Jean Ferrette, dans son article (« Anamnese » No 7, 2012)
http://www.decitre.fr/livres/anamnese-n-7-2012-les-sociologues-sous-vichy-9782336006420.html
ne nous dit pas autre chose : « S’est-il passé quelque chose en sociologie durant le régime de Vichy ? […] L’examen de huit ouvrages d’histoire de la sociologie parus entre 1991 et 2005 montre que l’esquive est la règle s’agissant de cette période noire de notre histoire. […] Si le XXIe siècle semble plus propice à faire toute la lumière sur cette période, les termes employés, la prudence et l’anticipation d’éventuelles critiques par des justifications avancées où l’euphémisation tient une bonne place, nous conduisent à croire que tout n’est pas résolu. [… ] Reste aux sociologues à expliquer pourquoi ce processus de mise à jour fut plus long, et peut-être plus compliqué, que dans d’autres corps de métiers, y compris la police ».

 



Où l’on a déjà pu voir quelques « murs des silences » se fissurer, chacun croyant être le seul à avoir le sien, mais tous résistant encore à l’écroulement. Ceci est particulièrement vrai s’agissant de « L’abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy ».

http://www.harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=9782336006239

 



CETTE CHRONIQUE No 12 EST LA DERNIÈRE DE CETTE SAISON.

RASSUREZ-VOUS (PEUT-ÊTRE ?),

ELLE REPRENDRA À LA SAISON SUIVANTE.

EN ATTENDANT, BONNES VACANCES.




RAPPEL : CES INFORMATIONS RÉGULIÈRES SONT DIFFUSÉES ACTUELLEMENT À UN GROUPE DE PLUS DE 800 RELATIONS DE 1ER NIVEAU ET, SI VOUS Y VOYEZ UN INTÉRÊT, À PLUS DE 160 000 AUTRES RELATIONS DE 2ÈME NIVEAU, SI BIEN SÛR CELLES-CI SONT PAR VOUS RELAYÉES.


À SUIVRE…

 

 

Transmis par Armand Ajzenberg

 

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org 

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