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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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22 mars 2009 7 22 /03 /mars /2009 14:10

Samedi 26 juillet

 

Avant d’entamer la lecture du quatrième ouvrage de Nietzsche, j’écris une méditation datant d’hier soir sur mon rapport à l’histoire. Je n’ai jamais été très attiré par l’histoire, probablement parce que mon premier contact avec un texte historique l’a été avec le Coran, si l’on peut considérer ce texte comme historique. Il m’a été transmis par un vieux et c’est sans doute un second motif de mon hostilité à l’histoire bien que le personnage du fkih ne me fut pas antipathique ; je ne le détestais pas, le considérant comme un grand-père. De surcroît, c’était un proche de la famille, oncle de mon père.


Les choses assimilées par cœur et sous la contrainte disparaissent une fois l’épreuve passée et le danger écarté. L’histoire en tant que discipline scolaire fait partie de ces choses.


C’est contre l’école et l’Etat que j’ai établi un peu plus tard un certain rapport avec l’histoire.

C’est une sorte de contre–histoire. Fus-je nietzschéen avant de lire Nietzsche ? En quelque sorte oui. On se construit contre et pas seulement avec, contre le père, la famille, l’Etat, etc. L’histoire qui m’a d’abord attiré est celle des héros qui ont combattu l’ennemi, Abdelkrim Khattabi, Ben Barka, Moha ou Hammou Zaiani… avec le marxisme j’ai élargi mon champ arabe et universel de l’histoire des héros et des révolutions.


Mon échec à l’université au Maroc est dû entre autre à ma répugnance à l’égard de la pensée arabo-musulmane officielle enseignée dans les institutions étatiques et religieuses. En effet, je détestais lire les anciens, parce que, d’une part, je ne comprenais rien et d’autre part, je trouvais cela absurde et sans aucune utilité. Le débat sur le passé ne me passionnait guère.


Le marxisme comme méthode d’approche de l’histoire m’a réconcilié avec celle-ci, tout en m’astreignant à lire et à m’intéresser à ce qui nourrit le débat et l’action révolutionnaire : la révolution française, la pensée du 19ème siècle en Occident, les révolutions du 20ème siècle, etc. En lisant cette histoire, j’avais l’impression de participer à « la révolution » actuelle.


Nietzsche dit que l’histoire n’a d’intérêt que si elle est conçue à partir du présent qui tend vers le possible ou l’avenir, vers le sublime. Il dénonce la culture germanique qui ne fait que « congeler » l’histoire à l’aide du papier pâle. Son plaidoyer visant à s’élever contre cette culture est également adressé aux jeunes pleins de vie et non pas aux vieux tournés vers le passé.


Problème : Est-ce que Nietzsche lui-même ne ferait pas partie désormais du passé et de l’histoire à dépasser ?


Nietzsche, Le gai savoir, introduction et traduction de Pierre Klossowski, UGE, « 10/18 », réed.1973, 450p.


34 pages d’une introduction dense, lue et relue. Je viens de la relire pour la nième fois. Faut-il la relire encore une fois pour en tirer quelques leçons. Il est vrai que ce texte pourrait être lu pour répondre à certaines questions que je me garde de poser maintenant.


Klossowski tord le coup à l’idée, selon laquelle Nietzsche serait le philosophe du racisme et de la race pure. Il s’attaque également au fait qu’il soit le philosophe de la volonté pure ou de la puissance pure. Il met en avant la question de l’éternel retour du même, du monde et de l’univers. On trouve par ailleurs des explications sur le rapport à l’histoire que j’ai évoqué à l’occasion de la lecture de Considérations inactuelles ou intempestives, l’auteur de l’introduction se référant au même ouvrage de Nietzsche.


J’appréhende un peu la lecture de ce livre que j’avais déjà lu, mais pas entièrement, me semble-t-il.


Ce n’est pas d’une préface qu’il s’agit, nous avertit Nietzsche d’entrée de jeu, mais de quoi s’agit-il en fait ? D’une certaine manière de philosopher ou d’aborder la philosophie – Le gai savoir.


Je me rends compte à l’instant de l’intérêt d’avoir lu les livres précédents de l’auteur. Je retrouve de temps à autre des idées qui ressurgissent dans la trame du texte et je découvre dans le même temps les choses que je ne connaissais pas. Cette pseudo préface donne le ton de ce que je vais apprendre.


Le philosophe médecin de la civilisation, c’est du déjà vu. En revanche, le philosophe malade reste à voir et à démontrer. Nietzsche rejette la philosophie malade du savoir et opte pour la guérison et la bonne santé. Il réoriente la philosophie vers le corps, tant négligé et oublié par celle-ci.


« Toute philosophie qui assigne à la paix une place plus élevée qu’à la guerre, toute éthique qui développe une notion négative, toute métaphysique et toute physique qui prétendent connaître au final, un état définitif quelconque, toute aspiration, de prédominance esthétique ou religieuse, à un à-côté, à un au-delà, à un en-dehors, à un au-dessus-de, autorisent à se demander si la maladie n’était pas ce qui inspirait le philosophe »
pp 40-41.


Attente : « J’en suis encore à attendre d’un philosophe médecin, au sens exceptionnel de ce terme, dont la tâche consisterait à étudier le problème de la santé globale d’un peuple, d’une époque, d’une race, de l’humanité – et qui un jour aurait le courage de porter mon soupçon à l’extrême et d’oser avancer la thèse : en toute activité philosophique, il ne s’agissait jusqu’à alors du tout de trouver la ‘vérité’, mais de quelque chose de tout à fait autre, disons de santé, d’avenir, de croissance, de puissance, de vie… » pp 41-42.


« Un art de la transfiguration, voila ce qu’est la philosophie »
p 42.


Glorifier l’art. Ainsi on peut résumer le reste de cette préface. C’est un thème déjà abordé, je risque de le retrouver dans le reste du texte.


Je vais essayer une lecture des fragments : première remarque, ils sont numérotés. Il suffit donc de donner le numéro du fragment sans être obligé de le reprendre entièrement. Inviter les mangeurs à goûter ses plats, les vieilles recettes en inspireront de nouvelles. Ainsi commence le livre. C’est 1 et 2 le bonheur de la découverte (p 49). L’oubli est sain. Je lis les fragments les uns après les autres, ils sont tous uniques. Chaque fragment a sa spécificité et traite un aspect : nature, corps, animal, plante, nourriture, ciel, astres, chaleur, glace.

Je m’arrête à la page 54 qui s’adresse au lecteur, ce n’est pas le premier fragment, mais il y en a d’autres avant.

« A mon lecteur :

De bonnes dents, un bon estomac –

C’est ce que je te souhaite !

Et si tu as digéré mon livre

Certainement tu sauras t’entendre avec moi ».


Après plaisanterie, ruse et vengeance qui comptent 63 fragments, je passe au livre premier écrit d’une manière différente. Pourquoi cette différence de formes ? Dans le chapitre 1, on trouve 56 fragments de tailles plus ou moins importantes, comparées à ceux de la préface.

Livre premier :

  1. Les docteurs du but de l’existence. En 6 pages, le fragment traite de la morale. Les docteurs des buts de l’existence sont donc les moralistes, ceux qui disent « tu dois », car, ce sont eux qui ont inventé une deuxième existence, tentant ainsi de donner une seule dimension à l’existence sans vie. Nietzsche estime que tout ce que fait l’humain, le bien et le mal, sert à perpétuer l’espèce. Sans cela, il aurait déjà péri.
  2. La conscience intellectuelle. Contrairement à ce que l’on peut attendre, la conscience dont il s’agit ici n’a aucun rapport avec ce que l’on appelle la raison. Nietzsche n’est pas contre ceux qui ne pensent pas, mais s’interroge sur l’isolement de l’intellectuel et sur l’absence d’interrogation chez ce dernier.
  3. Noble et vil : Pour une fois, l’auteur traite de la passion chez les nobles et l’interprétation des vulgaires. Ceux-ci ne comprennent pas et pour se justifier, ils ont recours à la raison et l’utilité, voire la déraison ou la folie. Le noble poursuit sa passion jusqu’au bout, en risquant jusqu’à sa vie. L’auteur donne l’exemple de l’animal qui, par impulsion amoureuse ou de protection de sa progéniture, ne recule pas devant les dangers.

 

Benyounès Bellagnech
http://lesanalyseurs.over-blog.org/

 

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