Le journal, outil d'auto-analyse
Bonjour Houria, Helene, Marion, Amandine, Marion, Rabiha, Priscilia, Tiffany, Fatima, Brice, Emilie, Nathalie, Géraldine, Elodie et à tous ceux et celles qui suivent le débat sur ce forum.
Avant de vous lire, j'entame une réflexion sur le journal comme outil d'auto-analyse. J'avais déjà constaté que l'entrée dans la pratique diaire est bien entamée pour vous en premier semestre. Le forum des diaristes intervient au deuxième semestre pour approfondir la réflexion sur l'écriture du journal et sur la théorie du journal en générale.
La question de l'humain a toujours fait l'objet d'approches diverses dans les croyances, les religions, la philosophie, avant les sciences dites pures ou les sciences humaines et sociales et en particulier la psychologie. Ces différentes approches ont recours à des méthodes différentes pour étudier l'humain. La psychanalyse est la discipline qui va introduire ce terme d'analyse, dont les origines scientifiques ne font pas de doutes, bien que dans la pratique de ce courant de psychologie, il reste encore des questions et des débats en cours voire des critiques qui méritent notre attention.
Ce qui m'intéresse dans cette introduction c'est le terme analyse, notion que l'on retrouve aussi en analyse institutionnelle que je ne vais pas aborder dans ce propos. Certains parlent de l'analyse de soi. Je réfute cette idée, car elle suppose que L'homme peut se détacher de soi même pour s'analyser. C'est une tentative du positivisme qui signifie dans le cas présent que l'on peut poser soi-même comme objet d'analyse ou d'étude. Je ne vais pas aller plus loin dans ce débat épistémologique, car ce n'est pas l'objet de mon propos.
De la pratique du journal on peut tirer plusieurs leçons sur le plan de travail, d'apprentissage, de formation, d'acquisition du savoir… on évoque rarement ou pas du tout cette dimension psychologique (la preuve que le journal intime est resté marginalisé ou très peu étudié notamment par les historiens lorsqu'il s'agit de la guerre par exemple). Il s'agit pour moi d'ajouter cette dimension au journal, conclusion de plusieurs années de pratique du journal.
En écrivant le journal au jour le jour, je décris ma vie, mes sentiments, mes lectures mes découvertes, mes échecs, mes réussites, mes déceptions, mes relations, mes actions, ce qui se passe autour de moi, mes réactions aux événements ou aux informations sur ces événements, etc, mais lorsque, après coup, je commence à m'interroger sur tout cela, sur le pourquoi et le comment, j'entame une analyse. En m'interrogeant sur l'écrit d'abord, ensuite je m'interroge sur l'auteur de cette écriture qui est moi-même, je m'analyse donc moi-même, c'est pourquoi j'appelle cela de l'auto-analyse. Le journal permet un recul par rapport aux faits, actions, et comportements, et ce afin de corriger ce qui ne va pas, d'améliorer ce qui ne va pas bien, d'une manière concrète pour soi-même et sans intervention de quelqu'un d'autre comme c'est le cas en psychanalyse. L'auto-analyse se fait par le biais du journal.
Je m'excuse pour la longueur du propos, mais je tenais à le livrer comme il vient avec l'espoir d'élargir le débat sur cette question et de la développer par d'autres.
Par ailleurs, je lis avec beaucoup d'intérêt ce que les étudiants écrivent sur le journal et je préfère ne pas trop intervenir dans votre discussion pour éviter la directivité, qui est comme vous le savez certainement , la bête noire de la pédagogie institutionnelle. Néanmoins, et pour encourager ceux ou celles qui hésitent encore à prendre leur liberté dans l'écriture du journal, je précise que l'écriture du journal doit être libre. Je dis cela à Brice qui dit avoir eu l'impression qu'on lui a imposé l'écriture du journal sous telle ou telle forme. Je ne crois pas à cela. J'ai évoqué précédemment le désir d'écrire qui doit être respecté et aussi le non désir que j'ai qualifié d'un moment dans la vie qui doit aussi être pris en considération.
Quant à la fréquence de l'écriture évoquée par Emilie, je parle de mon expérience qui se poursuit d'ailleurs, je ne sens aucun manque ni gêne lorsque je n'écris pas le journal pour une raison ou une autre. Bien que l'écriture du journal paraît facile, elle demande un dispositif, du temps, et lorsque ces conditions plus la volonté ne sont pas réunies, on n'écrit pas. Ce sera une partie remise et il ne faut surtout pas culpabiliser ce manque d'écriture du journal. A ce propos, l'un d'entre vous a évoqué d'autres supports de journaux qui sont aussi intéressants que le journal, je songe à la photo, la vidéo, le dessin..., ma fille écrit ses journaux sous forme de dessins ou peinture et je les trouve très expressifs, parfois mieux que certains journaux que je qualifie de vrai-faux journaux. Je lis les journaux des artistes et ils m'apportent beaucoup.
Avant de clore cette intervention, je dois juste rappeler que notre débat et les sujets évoqués ne devraient, en aucun cas, être considérés comme imposés. Il est préférable que chacun de nous se sente libre de traiter les sujets ou les questions qui le concerne ou le préoccupe. Je rappelle cela pour éviter tout malentendu. Si j'ai évoqué au début des questions sur les réseaux sociaux ou d'autres sujets, je n'ai fait que rappeler des pistes de réflexions. Je sais que vous êtes occupés par d'autres matières et d'autres devoirs qu'il faut valider et je vous souhaite bon courage.
Je reste à votre disposition en dehors de ce cours avant et après. Vous pouvez me contacter sur :
Benyounès Bellagnech
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